Voyageurs, avions, kérosène et CO2
Airbus, via les statistiques de l’IATA et l’OACI, organismes internationaux reconnus, nous dit tout sur l’évolution du trafic aérien, du kérosène consommé et de l’émission de CO2, durant les trente dernières années.
En examinant ce graphique, on tire une conclusion bien différente de celle cultivée par les groupes anti-avion.
Part des émissions de CO2 de l’aviation (en % du total) - Courbe noire sur graphique
Le graphique 1 est gradué en indice (base 100 en 1990). D’un simple coup d’œil, il permet de comparer les évolutions respectives du trafic et de la consommation.De 1990 à 2019 :
- Le trafic (RPK ou PKT en français, Passagers-Km Transportés) est passé de 100 à 400 soit une multiplication par 4 ou encore un taux de croissance de + 4.8 %/an.
- Le kérosène consommé a doublé soit un taux de croissance de + 2.1 %/an.
- La consommation par passager.km transporté a été divisée par 2 soit − 2.6 %/an
- L’empreinte carbone a été contenue aux environs de 2 % de l’émission mondiale
Conclusion : Si la consommation par passager.km transporté et l’empreinte carbone ont connu de telles améliorations, c’est le résultat du bond technologique des avions dont l’efficacité énergétique a progressé plus vite que la croissance du trafic. Pourquoi, chez ID AERO faisons-nous confiance à ces statistiques ?
Ces statistiques (IATA, OACI, EDGAR CO2 emissions…) sont dignes de confiance.
Nos lecteurs savent que nous n’avons pas toujours suivi les conclusions de l’IATA. Ce fut le cas quant à ses prévisions du trafic aérien basées sur celles du PIB. Autant préciser que notre avis n’a pas eu grand écho, au contraire de celui de l’IATA, ceci n’aide pas à éclairer la profession.
En revanche, en ce qui concerne les statistiques, l’IATA est parfaitement dans son rôle. Elle est bien informée puisqu’elle regroupe près de 90 % des compagnies aériennes mondiales. Nous considérons ses statistiques comme tout à fait valables.
La forte croissance du trafic aérien
Le graphique 1 est tout à fait représentatif de la forte croissance du trafic aérien mondial. Sa graduation en indice ne doit pas susciter de défiance. Nous donnons ci-après l’évolution du PKT (Passagers-Km Transportés) entre 1990 et 2019 qui aboutit à la même conclusion : multiplication par 4.
Années | 1990 | 2019 | 2019/1990 |
PKT en milliards | 1 650 | 6 610 | ~ 4 |
En revanche, si le taux de croissance calculé de 4.8 %/an est exact, il n’est pas représentatif de l’évolution du trafic. Au point d’en fausser l’analyse et la conclusion. Le taux moyen annuel de croissance du trafic aérien est, en réalité, dégressif avec le temps ! Ainsi, ce taux moyen qui était d’environ 5.9 %/an en 1990 est de nos jours d’environ 4.5 %/an. Cette dégressivité va se poursuivre au fil des années à venir. C’est une bonne nouvelle ! L’explosion redoutée par certains calculant l’avenir avec un taux fixe de 5 % n’aura pas lieu grâce à ce taux dégressif.
Dans un prochain numéro de La Lettre TBM, nous reviendrons sur ce point.
Consommation mondiale de Kérosène
Les chiffres donnés par l’IATA et l’OACI sont exactement en ligne avec ce que nous connaissons. Certes les dubitatifs se demanderont comment, en trente ans, le trafic a quadruplé alors que la consommation globale n’a que doublé. Il n’y a là, ni mystère, ni supercherie de présentation. Ce sont les moteurs de ces avions qui ont fait de grands progrès sur le plan énergétique. Le public, rarement informé, est plus soumis à l’avion-bashing qu’à la visite des usines. Dans les bureaux d’Études, dans les ateliers, on travaille sur des sujets « mystérieux » : augmenter le taux de dilution, augmenter le taux de compression et la température dans la chambre de combustion…
Consommation par voyageur et émission CO2
Airbus a judicieusement indiqué l’évolution de la consommation rapportée à un voyageur par kilomètre parcouru : réduction de moitié en trente ans. (− 2,6% par an) Traduit en une unité plus parlante, Litres/passager/100 km parcourus, cela donne environ 3 L aux 100 kilomètres. Aussi bien que nos voitures, mais avec cet avantage que l’on vole à 900 km/h.
Retombée heureuse : l’émission globale de CO2 est maintenue à 2 % du total mondial.
Ce résultat est confirmé par un article récent de chercheurs qui ont reconstitué les émissions annuelles de CO2 de l'aviation mondiale depuis 1940.
Les émissions de l'aviation ont doublé depuis le milieu des années 1980. Mais elles ont augmenté à un rythme similaire à celui des émissions totales de CO2, ce qui signifie que leur part dans les émissions mondiales est restée relativement stable : de l'ordre de 2 % à 2,5 %.
Part de l’aviation dans les émissions mondiales de CO2 - courbe en bleu
Définitions
- L’Association du transport aérien international (IATA) est l’association commerciale des compagnies aériennes du monde entier. Elle représente quelque 300 compagnies aériennes, soit 83 % du trafic aérien total.
- L’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) est un organisme des Nations Unies créé pour aider les États à partager leur ciel au bénéfice de tous. En anglais : International Civil Aviation Organization, ICAO. Elle regroupe 193 Etats membres.
- PKT : Passagers-Km Transportés Payants. En anglais RPK.
Sources
- GMF 2023 (Airbus Global Market Forecast 2023-2042)
- Statistiques : IATA, OACI et EDGAR CO2 emissions
- https://www.airbus.com/en/products-services/commercial-aircraft/market/global-market-forecast
- https://www.iata.org/en/publications/economics
- https://www.icao.int/Pages/default.aspx
- https://edgar.jrc.ec.europa.eu/
- https://ourworldindata.org/co2-emissions-from-aviation