Lettre TBM n°33 —

Aviation de ligne : résultats 2024 Part 1

Face à une forte demande en avions nouveaux, les livraisons d’Airbus + Boeing ne sont pas à la hauteur

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Points clés

La Demande en avions nouveaux demeure très forte :

  • Au 4ème trimestre 2024, le trafic aérien dépasse de plus de 5% le niveau du 4ème trimestre 2019,
  • Après 2023, année exceptionnelle en commandes, 2024 a connu un tassement. Mais le carnet de commandes d'Airbus + Boeing demeure dans ses niveaux les plus hauts. Il s'élève à 14 903 avions, soit l'équivalent de près de 9 ans de livraisons en équivalent cadences maxi passées (863 avions pour Airbus en 2019 et 806 pour Boeing en 2018).

Face à cette forte demande, l’Offre en avions nouveaux n’est pas à la hauteur, contraignant les compagnies aériennes à conserver des avions anciens.

Ainsi, après un point bas en 2020, les livraisons d'avions de ligne ont progressé chaque année, mais l'année 2024 marque un recul dans la dynamique de reprise des livraisons.

Les livraisons 2024 d'Airbus + Boeing sont inférieures à celles de 2023, et même à celles de l'année 2022.

L'industrie aéronautique mondiale est dans une phase rare d'excès de la demande par rapport à l'offre. Dans les crises précédentes, cette situation ne durait pas, mais les problèmes de Boeing dont on ne voit pas la fin introduisent un manque de visibilité sur les livraisons qui risquent de prolonger le déphasage Offre vs Demande.

Et même Airbus n'arrive pas à remonter franchement. L’avionneur européen a livré 766 appareils, proche de ses prévisions de juin dernier (770 avions) mais loin de ses prévisions de début d’année (800 avions) et encore plus loin des livraisons pré-Covid de 863 avions.

Le problème principal provient de Boeing qui plombe la reprise avec 180 avions en moins par rapport à 2023 ( 348 en 2024 comparé à 528 avions en 2023). Et après la fin de la grève de 53 jours , il faudra du temps à l'avionneur

  • D'abord pour revenir à «la normale» de 2023,
  • Et ensuite pour revenir au plus haut de 2018

Les problèmes de remontée en cadence perdurent :

  • La pénurie de main-d'œuvre et de compétences héritée de la période Covid-19,
  • Les difficultés de l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement (pièces forgées, sièges, moteurs...).
  • La pénurie de matières premières accentuée par la guerre entre la Russie et l'Ukraine,
  • La désorganisation chez Boeing avec pour conséquence des contraintes renforcées de la FAA sur la remontée en cadences…

Rappel : la référence pour les livraisons est l’année 2018. La baisse des livraisons a démarré en 2019, plus précisément à partir de mars-avril 2019, avant l'épidémie Covid, avec l'immobilisation du Boeing 737 MAX.
La baisse s'est poursuivie et aggravée fortement en 2020, en raison du plongeon du trafic aérien, de la poursuite des problèmes du B737 MAX, des difficultés de trésorerie des clients qui souhaitaient des reports de livraison et de la fermeture partielle des usines liée au confinement.